Hors-champ traite de manière onirique de la perte et de la disparition. Le film montre un univers qui ne peut normalement être photographié et propose à travers le montage visuel choisi un monde qui se joue essentiellement dans l’inconscient de chacun. Il suit un rythme très lent qui nous entraîne dans une succession d’espaces indéfinis et parfois imaginaires que l’on distingue lors des longues superpositions d’images.
Il m’aura fallu dix-huit ans avant de vouloir m’approcher visuellement du souvenir d’événements qui m’auront à la fois profondément marqués mais qui représentent également le point zéro de ma propre renaissance.
La première partie, composée en grande partie de photos anciennes tirées d’archives familiales, évoque des moments incertains où les instants passés ressurgissent de manière incontrôlée. Ces images teintées d’un bleu à la tonalité froide et sombre sont l’illustration de rêves flottants à l’ambiance parfois oppressante. Elles apparaissent et disparaissent sans que l’on n’ait de prise sur elles. C’est à la lueur de petites lumières vacillantes et diffuses qu’il faut les regarder pour deviner des formes qui évoquent le souvenir d’instants passés et parfois oubliés.
La deuxième partie, construite à partir d’images récentes illustre une lente promenade visuelle et intemporelle en noir et blanc qui nous transporte dans une série de songes éveillés. Notre esprit vagabonde au milieu de visions aléatoires mais réelles et les souvenirs de personnes et de moments disparus se mêlent à la sérénité retrouvée dans une succession de pensées libres et sereines. Cette succession d’images nous plongent dans un état de torpeur éveillé, hors du temps et du monde et redonnent brièvement toute leur contemporanéité aux événements passés.
Photo, Texte & Montage : Michel Handschumacher I 2018 Son & Musique : Bruno Fleutelot I 2018